Fabrice d’Anna, commercial normand de 48 ans, est l’auteur de L’antichambre de Samuel, une fable philosophique, qui ne laisse pas le lecteur indifférent et que la critique salue largement. Ce premier roman raconte l’histoire de Samuel, architecte à qui la vie sourit, mais qu’un événement vient bouleverser. Il va devoir se battre pour retrouver son bonheur perdu…
Votre héros tente de revenir en arrière pour corriger ses erreurs. Comment avez-vous revisité ce vieux thème de la science-fiction ?
C’est un thriller, on y trouve du suspens, le tout enveloppé dans une très belle aventure humaine, où j’ai voulu inclure une véritable pensée existentialiste. On passe notre temps à négliger l’important pour se consacrer au futile. Je voulais que l’on ne sorte pas indemne de cette lecture. Le message est clair : la vie est courte, ne passez pas à côté de ce qui compte, car c’est comme si l’être humain était programmé pour agir ainsi.
L’histoire de votre héros est proche de la vôtre, est-ce autobiographique ?
Il est un architecte qui a une vie normale, aisée, une femme formidable. Il a tout, mais n’a rien, car il a oublié de vivre. Il a oublié ce qui comptait. Il va vivre quelque chose d’extraordinaire et mener une quête pour tenter de détourner les événements. Ça l’amènera à une vérité qui bouleversera sa vie. J’ai eu la chance d’avoir un père metteur en scène de cinéma. Culturellement, j’ai eu tout ce qu’il fallait, mais affectivement, j’ai un gros manque. Il le sait. La dernière fois que je l’ai vu, c’était il y a sept ans. Je suis resté avec cette question : faut-il ou pas cultiver une différence pour être aimé ou s’identifier et ressembler à quelqu’un ? J’ai longtemps souffert. Il m’a fallu un exutoire que j’ai trouvé à travers le personnage de Samuel. J’ai préféré en faire un roman plutôt qu’une biographie, douloureuse à écrire. C’est un peu un accouchement, une délivrance.
Votre héros, lui, a la chance de pouvoir influencer le cours des choses, est-ce ce que vous auriez voulu faire ?
La possibilité de refaire les choses, les changer nous amène forcément autre part. Aurions-nous le courage de le faire ? La question est aussi de savoir s’il faut avoir des remords ou des regrets. C’est un cas de conscience et j’ai voulu m’intéresser à ces valeurs humaines. Je ne suis pas philosophe, je n‘apporte pas de réponse aux questions existentielles. Je mets juste le doigt là où ça fait mal. C’est une fable philosophique, un ouvrage à tiroirs dans lequel chacun peut puiser.
Y aura-t-il une suite ?
Tout à fait, L’antichambre de Samuel s’inscrit dans une trilogie. Coïncidences, le tome 2 sortira courant 2015 et le troisième,Enfance, en 2017. Des personnages inquiétants seront dévoilés partiellement dans les deux. Au final, toutes les pièces s’assembleront comme un puzzle et on comprendra le mécanisme.
Le style tient en haleine, vous ne ménagez pas vos lecteurs qui en redemandent. Quels échos avez-vous ?
J’ai voulu instaurer un style nouveau, très visuel, à la manière des écrivains américains. Il y a beaucoup de dialogues, des phrases courtes et percutantes. J’écris à la manière dont un TGV avance ; une page amène la suivante, et quand on arrive à la fin, on espère que ça continue. C’est un peu comme un scénario de film aussi. D’ailleurs, j’ai été approché pour que, peut-être, un projet de film à partir du roman voie le jour. Mais pour l’instant, L’antichambre de Samuel est Top des ventes chez Cultura et va faire son entrée sur le catalogue de la grande librairie parisienne, la Griffe noire. C’est comme une consécration, on n’arrive pas dans ce catalogue par hasard. Quant aux retours des lecteurs, ils voudraient que ça continue. Ils sont surpris, bousculés. La frustration est volontaire. Il y a une fin, mais il manque des éléments, je me suis laissé une ouverture sur le deuxième tome.
Propos recueillis par
MAGALI MUSTIOLI-HERCÉ
Fabrice d’Anna dédicace son roman ce samedi 3 mai à la librairie Pradel (8 rue Paul-Bignon). « L’antichambre de Samuel », 150 pages, Éditions Baudelaire. Prix : 14,50 euros.